La philosophie alchimique et ses applications dans le domaine des médecines naturelles
La philosophie alchimique et ses applications dans le domaine des médecines naturelles
Si vous le voulez bien, partons du postulat que les médecines actuelles sont dans l'ensemble inspirées par l'alchimie, ce que l'on peut constater dans l'histoire de la médecine puisque les hommes qui ont fait la médecine, ou les médecines, ont quasiment tous été alchimistes (Avicenne, Paracelse…) ou inspirés par des alchimistes (Hahnemann, Bach, qui sont des paracelsiens). Il y a évidemment des contre-exemples, comme Pasteur, mais notre but n'est pas de proclamer la supériorité de l'alchimie sur la science moderne, mais simplement de l'étudier d'une manière pragmatique.
L'alchimie est ici considérée comme étant une science qui possède une explication à l'existence, et donne des procédés pour l'améliorer, en matière de médecine notamment.
La différence entre l'alchimie et la chimie moderne n'est pas une question de découvertes ou de techniques mais une question de philosophie, uniquement. C'est cette philosophie qui va orienter le chercheur et diriger ses découvertes.
C'est cette philosophie très simple que nous allons aborder, ainsi que les applications dans le domaine de la médecine.
Cette philosophie explique, à sa manière unique, le fonctionnement de la vie et de la santé. En effet, une tentative de compréhension de la vie et de la santé est la base de tout système thérapeutique.
Résumons en quelques lignes cette philosophie postulée par l'alchimie…
L'univers est créé par une source unique. Toute chose ici-bas procède de cette source unique, et possède donc une matière première unique. Cette énergie créatrice première se densifie et se diversifie de manière progressive, donnant l'intégralité de l'existence, vie comme matière.
Les choses créées se densifient progressivement, puis au contraire, se spiritualisent et retournent à l'état d'origine, c'est l'évolution.
Les êtres qui se dont développés durant cette évolution possèdent toujours leur énergie primordiale, mais les aléas de l'évolution empêche l'expression complète de cette énergie vitale. L'un des travaux de l'alchimiste est la purification des éléments sur lesquels il travaille (végétaux, minéraux &c…) pour en extraire l'énergie primordiale et les aider à parfaire leur évolution. Une collaboration entre l'alchimiste et la matière est la clé de ce travail. J'entend par collaboration une conscience de l'opérateur d'être uni par une origine commune à l'ensemble de l'univers, ce qui induit une proximité presque fraternelle avec les plantes (ou toute autre matière) avec lesquelles il travaille.
Un autre travail important en alchimie est l'utilisation de l'énergie créatrice primordiale dans son état pur, universel, dans la purification et le perfectionnement des matières avec lesquelles l'alchimiste travaille. Cette énergie est principalement l'énergie solaire, ou solaro-lunaire.
Voyons maintenant le travail pratique que nous pouvons déduire de ces principes très généraux
Méthode classique :
La spagyrie est l'une des branches de l'alchimie qui s'occupe principalement de médecine, et travaille particulièrement avec le règne végétal, qui est un règne très agréable.
Paracelse a inventé ce terme pour mettre l'accent sur la méthode de travail qui consiste à séparer (spao) les éléments composant chaque êtres, pour les réunir (agéiro) après les avoir purifiés.
Ces éléments sont traditionnellement au nombre de 3, ce sont les 3 principes : Soufre, Mercure, et Sel.
Le Soufre, c'est le caractère, l'égo, de la plante (disons que nous travaillons maintenant avec une plante), il se manifeste par son odeur, la couleur de ses fleurs &c… l'huile essentielle est un support privilégié de ce Soufre.
Le Mercure, c'est la vie qui anime cette plante, cette vie n'est pas spécifique à l'individu, c'est la Vie, dans le règne. Il se manifeste particulièrement quand cette vie quitte la plante, par la fermentation principalement. L'alcool est un support privilégié du Mercure, un support très pratique par le fait qu'il conserve les éléments qu'il a facilement extrait dans une teinture par exemple (et en plus, c'est bon !).
Le Sel enfin, c'est le support, le squelette de la plante. Il est obtenu après calcination de la plante. C'est un sel minéral cristallin qui résiste au feu et à l'eau. C'est le corps qui permet l'incarnation des principes précédents.
L'opération spagyrique consiste donc à extraire les 3 principes d'une plante, à les purifier, pour les réunir ensuite ce qui donnera un élixir s'il a une forme liquide, ou une pierre, si elle est solide.
Le Soufre et le Sel sont de natures trop éloignées pour être réunis directement, c'est le Mercure, le "messager", qui sera l'intermédiaire nécessaire et permettra leur union.
Je décrirai plus tard le détail de ces opérations.
Pour aller plus loin : La voie sèche :
Étant donné que toutes choses sous le soleil provient et est constitué d'une source unique, qui est pour nous le soleil justement, il existe des techniques permettant d'aller un peu plus loin en remplaçant la vie du règne végétal par cette énergie solaire, cette énergie donnera vie, ou ensemencera en quelque sorte, la matière purifiée par son feu. Cette opération dépasse le cadre classique de la spagyrie, mais ne peut être ignorée quand on connaît les résultats que l'on obtient de cette manière, dans le domaine de la médecine particulièrement. C'est, en gros, ce que les alchimistes appellent la "voie sèche".
Les plantes ainsi traitées sont animées d'une Vie universelle (Mercure), primordiale, en gardant leur propriétés (Soufre), et leur corps (Sel), bien que ce dernier ait subi des transformations importantes.
Les remèdes obtenus par cette voie sont très corrosifs et peuvent être rendus assimilables par la technique de la dilution homéopathique, qui est la méthode la plus intéressante que j'ai expérimentée pour ces remèdes puissants.
Les applications thérapeutiques de ces méthodes sont nombreuses, et les systèmes thérapeutiques eux-même le sont aussi.
Ma propre vision personnelle des choses est simple : l'alchimiste cherche à remonter à la source unique des choses, sa compréhension de la santé et sa méthode de travail doivent ainsi s'inspirer de la simplicité et de l'universalité. Plus l'on s'approche de la source de la vie, plus le remède est universel, les principes thérapeutiques sont également simplifiés. Sans aller jusqu'à la "médecine universelle" qui restaure la santé de tout les êtres dans tous les règnes, médecine qui couronne le travail alchimique, il est certain que les remèdes élaborés par ces voies seront à considérer d'une manière très différentes de ceux utilisés habituellement par les médecines conventionnelles ou même souvent alternatives. On peut même peut-être parler, d'une certaine manière, de relation thérapeutique entre le remède et le "patient". En tout cas, le remède est alors considéré comme un être en tant que tel, comme c'est d'ailleurs l'habitude dans le domaine de l'homéopathie ou des élixirs floraux du Dr. Bach. Ce point est important et mérite d'être mieux étudié, mais nous sortons alors du stricte cadre de la thérapeutique pour approcher celui du développement personnel, ou spiritualité. Cette limite est d'ailleurs, d'une certaine manière, le domaine de la naturopathie et de certaines médecines préventives. "Un corps sain grâce à une âme saine" pourrait être la devise d'une telle médecine. Cette question dépasse peut-être le cadre de cette initiation à la médecine alchimique.
En observant le travail de l'énergie primordiale et le développement de la vie, selon la philosophie unitaire de l'alchimie, je me suis intéressé à d'autres techniques pour capter et utiliser cette énergie vitale dans l'élaboration de remèdes, de manière toujours très simple.
J'ai notamment travaillé sur le sel de mer qui me semble être une coagulation de l'énergie solaire apparaissant sous l'effet de la lumière polarisée par l'eau et de la pression. Cette réflexion est une intuition et ne doit pas être considérée autrement, l'important est qu'elle guide nos travaux de manière productive en matière de médecine -notre seul but ici. Les remarquables publications de Stéphane Barillet sur le sel de mer ont confirmé mes intuitions et guidé mes travaux. Je travaille actuellement à l'élaboration de remèdes végétaux utilisant ce sel de mer.
Il y a encore dans la nature de nombreuses matières premières qui peuvent nous être utiles dans la fabrication de remèdes comportant cette énergie vitale dosée à un niveau qui permet un usage thérapeutique.
L'approche alchimique si particulière de la vie et de la santé est une source d'inspiration productive pour une médecine douce et profonde qui respecte l'être humain dans son intégralité, pour le bien-être et l'harmonie de son corps, de son âme, et de l'esprit.
© Matthieu Frécon, Février 2013
Date de dernière mise à jour : 05/07/2021